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Les éclipses de Lune comptent parmi les phénomènes astronomiques les plus intéressants à observer. Mais cette partie de cache-cache reste rare et exceptionnelle, même si nous avons eu l'occasion d'assister régulièrement à ce fascinant spectacle au cours de ces dernières années, avec les rendez-vous des 16 Mai 2003, 08-09 Novembre 2003 et 04 Mai 2004.
©Copyright - François DEBRICON
Le 28 Octobre 2004, nous assisterons à la seconde et dernière éclipse totale de Lune de l'année 2004, et la dernière d'une série de quatre éclipses observables en Europe sur une période d'environ dix huit mois. Cette occasion d'assister à l'un des plus beaux spectacles que la mécanique céleste nous permet d'admirer ne se reproduira pas avant le 03 Mars 2007 en France et pays limitrophes. En effet, les prochaines éclipses totales de Lune des 24 Avril et 17 Octobre 2005 ne seront pas visibles en France, et au cours de l'année 2006, l'éclipse se fera par la pénombre (le 14 Mars 2006) et la suivante ne sera que partielle (le 07 Septembre 2006).
Pour cette nouvelle éclipse de Lune, la Lune passe par le noeud ascendant (l'un des deux points d'intersection de son plan orbital et de celui de la Terre).
Du fait de l'inclinaison de 5° 17' sur l'écliptique, une éclipse de Lune ne peut avoir lieu que si la Lune est suffisamment proche du point d'intersection de son plan orbital et de celui de la Terre (ligne des noeuds).
Cette 19ème éclipse du Saros 136 a lieu dix jours après le passage de la Lune au périgée (la plus courte distance entre la Terre et notre satellite) et environ cinq jours et demi avant son prochain passage à l'apogée (le point de son orbite le plus éloigné de la Terre) qui se produira le 02 Novembre à 405.030 km de notre planète. La Lune, située à 391.760 km de la Terre au milieu de la phase de Totalité, apparaîtra plus petite que lors de la précédente édition avec un diamètre apparent de 30'30", au lieu des 33'04" de Mai 2004.
L'éclipse n'est pas tout à fait centrale et passe par la partie nord de l'ombre terrestre. À la mi-totalité, le limbe sud de la lune est à seulement 0,7 arcminute du centre de l'ombre. En revanche, Le limbe lunaire nord est à 9,5 arcminutes à partir du bord de l'ombre et à 31,3 arcminutes de son centre. Il devrait donc y avoir un fort contraste lumineux entre le nord et le sud du disque lunaire.
La trajectoire de la Lune l'amène à pénétrer profondément à l'intérieur du cône d'ombre terrestre, avec pour conséquence une éclipse totale d'une durée de 81 minutes.
Lors d'une éclipse totale, la Lune ne devient pas invisible mais conserve un faible éclat, et apparaît souvent rougeâtre au moment du maximum.
La distance Terre-Lune, la position de la Lune par rapport au cône d'ombre, ou encore la transparence de notre atmosphère qui filtre la lumière bleue du Soleil tandis qu'elle dévie les rayons rouges et jaunes vers la surface lunaire, sont autant de facteurs qui déterminent les variations d'éclat et de teintes que peuvent prendre la Lune au cours d'une éclipse totale.
Les nuages et les particules (poussières et cendres d'éruptions volcaniques ou de feux de forêts) en suspension dans notre atmosphère affectent également la coloration de la Lune en filtrant plus ou moins la lumière solaire déviée.
La Lune dans sa course traverse l'Ombre de la Terre lors de l'Eclipse et prend une coloration rougeâtre.
En raison de la position de la Lune par rapport au cône d'ombre de la Terre, l'éclipse devrait paraître un peu sombre, avec toutefois une partie sud du disque lunaire beaucoup plus lumineuse que la partie nord. Cependant, ces variations d'éclat et de luminosité sont difficiles à prévoir et changent en permanence au cours d'une même éclipse.
La luminosité résiduelle et la coloration de la Lune lors d'une éclipse totale peuvent être quantifiées selon le classement proposé par l'astronome André Danjon (1890-1967), directeur de l'Observatoire de Paris de 1945 à 1963.
Ce spectacle de toute beauté est visible de tous les points de la Terre où la Lune est présente dans le ciel au moment de l'éclipse.
Zone de visibilité de l'Eclipse Totale de Lune du 28 Octobre 2004
L'éclipse sera entièrement visible aux Antilles, en Amérique du Sud et sur la majeure partie de l'Amérique du Nord. Toutefois les premières phases seront dejà commencées au lever de la Lune pour les observateurs à l'ouest du Canada et des côtes ouest des Etats-Unis.
Les grande majorité des observateurs d'Asie ou d'Afrique assisteront en partie aux différentes étapes de l'éclipse au coucher du disque lunaire.
Les observateurs de l'ouest de l'Afrique et de l'Europe assisteront à toutes les phases de cette partie de cache-cache.
L'éclipse est invisible depuis l'Australie et l'Océanie et la partie est de l'Asie.
Dans ce ciel d'Octobre parsemé de belles constellations, la célèbre Orion, visible au sud-est, attire le regard. Les étoiles Bételgeuse, Bellatrix, Rigel, Saiph, ainsi que Alnitak, Alnilam et Mintaka superbement alignées pour former le Baudrier d'Orion, composent cette constellation de toute beauté qui renferme en son sein l'un des joyaux du ciel, la belle nébuleuse d'Orion, que l'on peu déjà voir à l'oeil nu. Un peu plus à gauche d'Orion, Castor et Pollux, les deux étoiles phares de la constellation des Gémeaux surplombent une brillante Saturne (mag 0.12). En partant d'Orion, l'oeil rouge du Taureau, Aldébaran, nous indique le chemin de l'amas des Pléiades (M45) que les anciens dénommaient les Sept Soeurs en référence au nombre d'étoiles de l'amas que l'on peut voir à l'oeil nu sous un ciel bien noir.
Même si le spectacle proposé en direction de l'horizon sud-est vaut bien qu'on s'y attarde un peu, ce décor admirable, noyé par la luminosité diffusée par la Pleine Lune, va révéler toute sa beauté au cours de l'éclipse totale du disque sélène, qui se déroulera sur fond d'étoiles de la constellation du Bélier.
Horaires de l'Eclipse Totale de Lune du 28 Octobre 2004
L'entrée de la Lune dans la pénombre, à 00h05 UT, est imperceptible et la plupart des observateurs ne pourront pas détecter visuellement l'ombre avant 00h45 UT environ. Au fil des minutes, la luminosité lunaire s'estompe peu à peu, faisant place à une Lune un peu terne. A 01h14 UT, une première manifestation concrète de début de la traversée de notre satellite naturel dans le cône d'ombre de la Terre se produit : une petite échancrure entame le bord gauche de la Lune. Peu à peu, une ombre grisâtre s'installe et envahit progressivement le disque lunaire.
L'éclipse de Lune du 28 Octobre 2004, vue à Paris à 01h00 UT. La Lune est à environ 52 degrés au-dessus de l'horizon sud sud-ouest peu avant le début de l'éclipse.
L'entrée progressive du disque lunaire dans l'ombre terrestre va nous permettre de voir une Lune tronquée, au teint blafard, prendre progressivement de subtiles teintes de gris au fur et à mesure que sa partie encore éclairée se réduira à un fin croissant. A 02h23 UT débute la phase de Totalité avec l'entrée complète de la Lune dans le cône d'ombre terrestre. La Lune, partiellement éclairée par les rayons du Soleil filtrés par l'atmosphère terrestre, revêt alors une robe aux tons rouges et cuivrés, caractéristiques des éclipses de Lune. Ce spectacle riche en couleurs subtiles durera 81 minutes. A 03h44 UT, la Lune entame sa lente sortie de l'ombre. Le disque lunaire va reprendre progressivement son aspect initial en passant successivement par de subtiles teintes, dans l'ordre inverse de celles que nous avons pu admirer avant la phase de Totalité.
La sortie complète de la Lune du cône d'ombre terrestre intervient à 04h53 UT. Au fur et à mesure, le disque lunaire s'extirpe de la faible pénombre qui altérait quelque peu sa luminosité. L'astre sélène retrouve tout son éclat à 06h02 UT.
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La photographie des éclipses totales de Lune ne pose, à priori, pas trop de problème. Le diamètre apparent de la Lune est suffisamment important pour permettre la photographie avec un appareil équipé d'un objectif standard de 50 mm, muni d'un déclencheur souple et fixé sur un bon trépied stable.
Les possesseurs de petits objectifs (28 ou 50 mm) peuvent essayer de photographier, en surimpressions successives, les différentes phases de l'éclipse sur une seule et même photographie. Cette technique, difficile à mettre en oeuvre, nécessite de cadrer la Lune dans la partie gauche du viseur de l'appareil, et d'anticiper son déplacement apparent sans avoir à déplacer l'appareil. La prise de vue, à intervalle régulier, vous permettra d'obtenir un chapelet de Lune du plus bel effet.
©Copyright - Vincent BELIN. Tous droits réservés.
L'utilisation d'objectifs à plus longue focale, 200 ou 300 mm par exemple, est délicate mais permet d'obtenir un cadrage plus serré sur la Lune. En effet, si les temps de pose sont rapides pendant les phases partielles, lors de la phase de totalité, les temps de pose nécessaires pour obtenir une photo de bonne qualité impliquent l'utilisation d'une monture équatoriale motorisée pour compenser l'effet de rotation de la Terre, sous peine d'obtenir une photo floue sans intérêt.
La photo au foyer d'une lunette ou d'un télescope motorisé est l'idéal pour obtenir un cadrage très serré sur la Lune pour faire ressortir les différentes nuances de couleurs des phases de l'éclipse. Le diamètre apparent de la Lune, voisin de 30 minutes d'arc, implique cependant de ne pas dépasser une longueur focale de 1 600 mm si l'on souhaite que la Lune reste dans le champ de la photo au format 24x36.
Dans tous les cas, privilégiez l'utilisation d'une pellicule couleur. Une pellicule de sensibilité moyenne, 100 ou 200 ISO, est plutôt conseillée pour immortaliser les phases avant ou après la totalité, tandis qu'une pellicule de sensibilité plus élevée est souhaitable pour la phase de Totalité afin de réduire le temps d'exposition.
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Les deux éclipses de Lune qui se dérouleront en 2005 ne seront pas visibles en Europe, et il faudra attendre jusqu'au 03 Mars 2007 pour assister de nouveau depuis nos contrées à l'un des plus beaux spectacles que la mécanique céleste nous permet d'admirer avec la disparition complète de la Lune dans l'ombre de la Terre et sa parure de couleurs inhabituelles.
Cependant, pour nous faire patienter jusqu'en 2007, la Lune nous proposera une éclipse pénombrale en Mars 2006 et une éclipse partielle en Septembre de la même année, des éclipses moins spectaculaires mais tout aussi intéressantes pour les amateurs de phénomènes rares à observer.
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Institut de Mécanique Céleste : Les éclipses de Lune
Total Lunar Eclipse: 2004 Oct 28 - Fred Espenak
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